Avis 2024 du Conseil des transitions environnementales et sociétales

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Pendant l’année universitaire 2023-2024, le Conseil des transitions environnementales et sociétales de l'université de Bordeaux (CTES) a choisi de se concentrer sur trois sujets : le bien-être sur les campus, la protection de la biodiversité et l’impact du numérique. Les travaux ont été menés par des groupes de travail thématiques composés de membres du CTES.

Le Conseil des Transitions Environnementales et Sociétales (CTES), instance statutaire de l’université de Bordeaux, accompagne la mise en œuvre de la politique de l’établissement dans le domaine des transitions environnementales et sociétales. Il a vocation à instruire, analyser et formuler des avis ou des vœux en lien avec l’impact environnemental ou sociétal de l'établissement. 

Dans un esprit de coopération et de transparence, le CTES a travaillé en étroite collaboration avec l’Institut des transitions de l'université et a organisé des consultations avec de nombreuses personnes chargées de la mise en œuvre des divers engagements de la Feuille de route des transitions (remplacée depuis par le Schéma directeur des transitions).

Le CETS s'est penché, en 2023-2024, sur trois sujets : le bien-être sur les campus, la protection de la biodiversité et l’impact du numérique. Retrouvez sur cette page, en téléchargement, une introduction générale et les trois avis détaillés du CTES, ainsi qu'un résumé de chacun de ces avis suivi de la réponse des vice-présidents concernés

Bien-être sur les campus

Le CTES a analysé le projet de « Campus bien-être » de l'université de Bordeaux, axé sur la qualité de vie et la promotion d'une politique sociale. Le campus vise à devenir un véritable « campus santé » en agissant sur divers déterminants comme les soins, l'alimentation, l'activité physique et le logement. Le rapport met en avant plusieurs thématiques, notamment l'alimentation, l'activité physique, le logement, les aides sociales, la discrimination et la mobilité.

Le CTES a identifié quatre sujets prioritaires : l'alimentation, les conditions de travail et d'études, la santé mentale, et l'activité physique et sportive. Pour l'alimentation, les recommandations incluent l'amélioration de l'accès à des repas équilibrés, la diversification de l'offre de restauration, et la promotion d'une alimentation saine et durable.

En ce qui concerne les conditions de travail et d'études, le CTES propose de sensibiliser les occupants sur les enjeux de sobriété énergétique, de développer la communication autour du Service de Santé au Travail (SST), et de renforcer les moyens de l'Espace Santé Étudiants (ESE).

Pour la santé mentale, le CTES recommande de renforcer la sensibilisation et la formation des personnels et étudiants aux questions de prévention et de prise en charge des risques psychosociaux, ainsi que de promouvoir et valoriser les sentinelles en santé mentale.

En matière d'activité physique et sportive, les recommandations incluent l'augmentation de la lisibilité et de l'accessibilité de l'offre sportive, le renforcement de l'intégration du sport dans les maquettes des diplômes, et la mise en place de moyens pour sensibiliser et renforcer la culture sportive de l'université. Le CTES souligne également l'importance de poursuivre la dynamique d'augmentation des infrastructures sportives et de mettre en place une stratégie de suivi pour adapter l'offre sportive aux besoins des usagers. Enfin, le CTES encourage les initiatives en cours et propose des actions pour améliorer la qualité de vie sur le campus, en tenant compte des enjeux globaux et des besoins spécifiques de la communauté universitaire.

Réponse des vice-présidents en charge des transitions, de la qualité de vie et santé au travail, et de la vie étudiante et vie de campus :

- Le CTES recommande à l’établissement d’améliorer l’offre existante d’alimentation sur les campus (diversification des menus, alimentation plus saine, plus végétale, meilleur approvisionnement, limiter les déchets) et de mettre en place une offre complémentaire (campus délocalisés, salle de restauration avec micro-ondes voire cuisine, distributeurs automatiques de nourriture saine). Il recommande également de travailler sur le mode de fonctionnement des restaurants et des horaires de cours afin de faciliter l’accès à des repas chauds. La première recommandation est tout à fait en accord avec le Living Lab alimentation, et les premières actions ont d’ores et déjà été mises en œuvre, notamment sur la végétalisation des menus en partenariat avec le CROUS mais aussi sur l’approvisionnement, avec la relocalisation en région de l’approvisionnement en fruits et légumes. La deuxième recommandation a été initiée avec notamment les budgets participatifs et des appels à projets financés par la contribution à la vie étudiante et de campus (CVEC) qui ont permis d’aménager de plus en plus d’espaces permettant une pause restauration. La démarche doit se poursuivre. Sur les zones blanches sans restauration collective à tarification sociale ou modérée à proximité, des textes réglementaires récents prévoient une aide financière individuelle aux étudiants. Enfin le dernier point pose la question plus globale des rythmes étudiants qui est un sujet complexe dans un établissement de la taille de l’université de Bordeaux, mais qui pourra être étudiée à l’échelle de structures volontaires.

- Le CTES recommande de mieux communiquer sur les personnes qui ont des fonctions support dans des structures telles que l’Espace Santé Étudiants (ESE), le service de santé au travail ou des personnes ressources comme les energy managers, la médiatrice, la cellule d’écoute de veille et de signalement (CEVS). Il souhaite également l’ouverture plus importante des services de santé aux personnels et aux étudiants. Concernant la communication, celle-ci est déjà très développée pour l’ESE et la cellule d'écoute, de veille et de signalement notamment, mais pourra être renforcée. Les démarches « d’aller vers » la communauté étudiante existent avec les étudiants relais santé et a été amplifiée avec le déploiement des cafés santé. La présence de services de santé pour les étudiants sur les campus de proximité a déjà été renforcée en augmentant le temps de travail d’infirmières de l’ESE et par des prestations de psychologues libéraux à Périgueux. Concernant le service de santé au travail, un bilan sera à faire sur la fréquence des visites puis des mesures correctives (fréquences et sites) seront à apporter en fonction.

- Le CTES recommande de renforcer la formation et la sensibilisation aux risques psycho-sociaux ainsi que de rendre plus visibles les sentinelles en santé mentale. Le déploiement des premiers secours en santé mentale (PSSM) depuis 2000 se base sur ce même constat et a permis de former plus de 2500 personnes au sein de l’établissement (près de 3500 en mars 2025). L’enjeu est alors de développer des actions en prévention secondaire pour améliorer la détection précoce de situations pouvant porter atteinte à la santé, et la prévention primaire qui consiste à supprimer en amont les sources de dangers potentiels dès la conception des situations de travail ou d’études.

- Le CTES recommande plusieurs choses pour faciliter l’accès à l’offre sportive : proposer une offre plus adaptée aux besoins, augmenter la lisibilité de cette offre et renforcer la culture sportive de manière générale. Il recommande aussi de développer les infrastructures et l’intégration du sport dans les maquettes pédagogiques. De nombreux événements promeuvent déjà les activités physiques et sportives (Trophées du sport, Oscars du sport avec le journal Sud Ouest, Fête la rentrée avec un village des sports, festival Bascule(s) 2024 sur la thématique du sport, printemps des personnels, programme Université active en déploiement, festival Feel Good Campus, expérimentation sport/santé Feel and Mouv pour les étudiants…) mais, en outre, l’établissement disposera prochainement d’un Schéma directeur du sport qui intègrera ses différentes dimensions. L’enquête QVT et l’enquête institutionnelle étudiante permettront également d’identifier de nouveaux besoins. La démarche Healthy Campus intègre un axe de lutte contre la sédentarité. De nombreuses infrastructures existent déjà et leur entretien est déjà très coûteux ; d’autres plus légères, en extérieur par exemple et à proximité des lieux de travail et d’études pourraient être développées. Il est également nécessaire d’envisager des pratiques qui ne nécessitent pas d’infrastructures et d’équipements particuliers. L’intégration de plus de sport dans les maquettes est un projet de l’université de Bordeaux qui sera inscrit dans son futur Schéma directeur du sport, notamment en licence, où les étudiants sont les plus sédentaires et pour pallier la rupture de pratique entre le lycée et l’université.

Avis CTES 2024 Bien-être sur les campus

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Préservation de la biodiversité

L'université, avec ses 140 hectares d'espaces verts, s'engage à mener des actions pour la biodiversité, incluant des diagnostics environnementaux, la création de zones sanctuarisées, et des pratiques de gestion durable comme la tonte raisonnée et les prairies fleuries. Le CTES recommande des actions à court et moyen termes, telles que la protection immédiate de zones emblématiques et l'amélioration de la gestion des déchets.

Les recommandations générales incluent la nécessité de moyens humains et financiers, l'implication des prestataires, et la communication transparente sur les impacts environnementaux. Le CTES souligne l'importance de former les personnels aux nouvelles pratiques écologiques et de mettre l'accent sur l'intégration de critères écologiques dans la sélection des prestataires de l'université et dans les actions de coopération avec les collectivités locales.

L'engagement 11 de la Feuille de route des transitions recommande une cartographie précise des espaces et des pratiques de renaturation dans les zones à forte densité immobilière. L'engagement 19 insiste sur les bénéfices de la nature pour la santé, suggérant une végétalisation accrue des espaces pour favoriser le bien-être des usagers. Le CTES encourage une gestion écologique et durable des espaces universitaires, en harmonie avec les objectifs de préservation de la biodiversité et de renaturation des sols.

Réponse des vice-présidents en charge des transitions et du patrimoine immobilier :

- Le CTES recommande d’être vigilant aux espaces et espèces choisis lors des projets de renaturation, de globalement privilégier des modes de gestion durables. Les recommandations techniques sur le choix des espèces seront transférées aux équipes en charge et sont en accord avec la démarche de Living Lab qui fait collaborer les experts métier et les experts académiques pour un campus favorisant la biodiversité dans un contexte de changement climatique. Des zones sanctuarisées ont été définies dans le Schémas pluriannuel de stratégie immobilière (SPSI) sur la base d’études des potentiels écologiques et des projets immobiliers à venir.

- Le CTES, avec sa « vision usager », recommande des zones spécifiques pour l’installation de poubelles afin de limiter les pollutions du campus. Ces retours sont très intéressants car la mise en place de nouvelles consignes de tri en 2025 va transformer les campus, nous pourrons donc intégrer ces remarques.

- Le CTES souhaiterait que les outils de l’université (comme le système d'information géographique) soient interopérables avec les partenaires afin de faciliter le partage de données. L’interopérabilité sera difficile à assurer (chaque établissement choisissant sa propre solution) mais la structuration du partage des données est pertinente et sera assurée grâce au nouveau système d’information géographique (SIG) mis en œuvre récemment. La médiation scientifique sera poursuivie.

- Le CTES recommande de communiquer de manière transparente sur l’ensemble des impacts (positifs et négatifs) des projets campus sur la biodiversité et la préservation des espaces naturels, et de renforcer la réflexion des impacts sur la biodiversité des politiques d’aménagement des campus (minimiser les espaces artificialisés). L’établissement partage ce constat, notamment, d’un défaut de communication sur les bienfaits de l'Opération campus sur la biodiversité (végétalisation d'espaces, désimperméabilisation de parkings). L’objectif de réduction de l’artificialisation est clairement posé dans le Schéma Pluriannuel de Stratégie Immobilière (SPSI) mais entre parfois en conflit avec d'autres comme, par exemple, la création de logements étudiants : des arbitrages spécifiques peuvent être pris.

Avis CTES 2024 Préservation de la biodiversité

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Impact du numérique

L'avis du CTES sur l'impact du numérique à l'université de Bordeaux se concentre sur l'engagement 15 de la Feuille de route des transitions, visant à piloter la pertinence environnementale de l'environnement numérique et à responsabiliser la communauté universitaire. L'université s'engage à informer et sensibiliser les usagers, tout en optimisant les infrastructures et matériels numériques. Un guide sur les usages du numérique sera diffusé, et des formations à la Fresque du numérique seront proposées. L'université prévoit également de généraliser l'usage de serveurs partagés et de réaliser des bilans carbone des matériels informatiques.

Le CTES recommande de réaliser un inventaire général du matériel numérique, de mettre en place une bourse de réutilisation, et d'étendre le périmètre du bilan carbone numérique. Il insiste sur la nécessité de procédures claires pour les chartes et guides de bonnes pratiques, et de protéger le droit à la déconnexion. Le CTES suggère également de surveiller les impacts de l'intelligence artificielle et de considérer d'autres indicateurs environnementaux.

Le numérique représente 2 à 4% des émissions de gaz à effet de serre mondiales et 10% de la consommation électrique en France. L'université a déjà intégré des critères environnementaux dans ses achats et encourage l'allongement de la durée d'utilisation du matériel (actuellement 7 ans minimum pour garantie et durée de vie). Le CTES recommande de mesurer les flux de données et de préparer l'université à des situations de crise, comme des attaques informatiques ou des ruptures d'approvisionnement électrique.

Enfin, le CTES souligne l'importance de la résilience des services numériques et de la prise en compte des impacts indirects du numérique, notamment ceux liés à l'utilisation de serveurs externes et à l'intelligence artificielle. L'objectif est de promouvoir une utilisation responsable et durable du numérique au sein de l'université.

Réponse des vice-présidents en charge des transitions et du numérique :

- Le CTES recommande à l'établissement de se mettre en capacité de suivre plus finement son matériel, son impact carbone élargi aux impacts indirects (applications non hébergées sur des serveurs de l'université, matériel personnel utilisé à des fins professionnelles, équipements des autres tutelles), ses flux de données par structures, d'autres indicateurs environnementaux (eau, ressources naturelles) et la conformité réglementaire de ces services numériques. L'exhaustivité de ces diagnostics et suivis ne sera pas atteinte dans un temps court, les ressources humaines et les outils nécessaires à un suivi si fin n'étant pas disponibles. Cependant des points d'amélioration peuvent être engagés : réalisation d'inventaires de matériel sur quelques structures volontaires, mesure de l’impact carbone des laboratoires et mise en cohérence à l'échelle de l’établissement, homologation réglementaire d'une dizaine de sites, développement d’un projet de recherche-action sur les données, les infrastructures de stockage et le réseau pour améliorer l'efficacité et analyser les impacts.

- Le CTES recommande de mettre à jour les chartes en les rationalisant pour mieux transmettre les bonnes pratiques et mieux protéger la qualité de vie au travail des personnels. Ce travail de collecte de toutes les chartes et guides existants et de synthèse et mise à jour doit être engagé. Le conseil a-t-il des recommandations sur la manière dont l'établissement pourrait procéder pour communiquer des rappels qui atteindraient leur cible ? Par ailleurs, cette question dépasse le sujet du numérique et fait le lien avec les sujets du projet Healthy Campus.

- Le CTES recommande la mise en place d'une bourse pour le réemploi du matériel numérique. La redistribution de ce matériel est contrainte par des obligations règlementaires (réécriture des disques durs et certificats coûteux pour les sorties d'inventaire) mais des solutions existent et peuvent être explorées, déjà, sur de petits périmètres, par exemple au niveau des laboratoires (mise à disposition de longue durée plutôt que don, remplacement du disque dur plutôt que réécriture). Un partenariat avec l’association Emmaüs Connect permet d’équiper des étudiants en ordinateurs reconditionnés. Noter aussi que le titulaire du marché de collecte des déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE), l'entreprise Ecomicro, réalise recyclage et reconditionnement des déchets collectés.

- Le CTES recommande à l'établissement de se préparer aux situations de crise. Comme tous les établissements de l'enseignement supérieur et de la recherche, l'université de Bordeaux se sait vulnérable au risque cyber, de par l’omniprésence du numérique, jointe à la nature ouverte et à l’étendue de ses activités. Avant toute mesure technique, la sécurité repose d’abord sur la vigilance de chaque utilisateur. Des exercices de crise avec la gouvernance sont prévus dans la Feuille de route de sécurité des systèmes d'information (SSI) pour réagir aux attaques informatiques. D’autres risques comme la rupture des approvisionnements électriques ne sont pas priorisés, pour des raisons de coûts.

 

Avis CTES 2024 Impact du numérique

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  • Un regard critique et constructif sur l'université

    Depuis 2023, le Conseil des transitions environnementales et sociétales est présidé par Cristina Tebar-Less, une experte en droit international et droit de l’environnement.